mardi 18 mars 2008

La route des glaciers



La Haast pass est une montée finalement peu impressionnante en termes d’effort physique. On longe ensuite une rivière jusqu’à Haast, la ville cette fois, sur le bord de l’océan. Il est 14h30, nous avons 70 km au compteur et on décide de pousser plus loin…40 km plus loin.


Qu’est-ce qui nous presse ?
Eh bien voilà, en faisant un calcul rapide le jour 3, on se rend compte qu’on a en tout 2200km à faire sans trop de détour pour se rendre à Auckland sur l’île du Nord. C’est là qu’on prend le prochain avion. Donc, si on fait 70 km par jour durant 30 jours (ce qui égale 2100 km ) , il nous reste 7 jours de marge de manœuvre, car on avait 41 jours en Nouvelle-Zélande. Après 50 km sous la pluie, je devrai peut-être m’arrêter dans un lieu qui me protégera du froid, je ne pourrai peut-être pas toujours faire les 70 km réglementaires. Aujourd’hui, il fait beau et les nuages semblent derrière nous dans les montagnes. Il faut en profiter. Les jours sans pluies se feront rares dans les « Wetlands ». De plus, les prix exorbitants de la mini-épicerie de Haast nous incitent à ne pas nous éterniser dans cet endroit.


On repère sur une carte un camping DOC dans 40 km. C’est là qu’on va dormir. Il ne faut pas oublier que le soleil ne se couche qu’à 20h30, ce qui nous laisse énormément de latitude. La route est bordée par la mer, ça ressemble parfois au paysages sauvages d’Hawaii.
Il y a tout de même 3 bonnes montées et ce petit vent de face qui vient de se lever juste pour nous. Soudain, nuage de pluie, heureusement de courte durée.
Finalement ce fameux camping DOC que nous surnommons les campings natures, il se trouve plutôt à 55km plus loin, ce qui nous fait un total de 125 km. C’est un record. Et dire que je me sentais fatiguée aujourd’hui ! Le corps humain est une machine surprenante.

Le camping est assez bondé de camping-cars. On monte le camp rapidement. La première raison est que le nuage de pluie de l’autre côté du lac arrive à grand pas et la deuxième est que ce camping est habité par nos amis les « sandflies ». Ces gentilles petites mouches ne font pas de bruit, sont comme des brûlots géants…et piquent. On se lave dans le lac, on s’habille de façon à ce qu’aucune parcelle de peau ne soit exposée et on planifie le repas. Il pleut et la seule table de pique-nique est déjà occupée. On décide de faire cuire le repas à proximité de la tente, en restant à l’intérieur, ne sortant le bras que pour brasser le repas de temps en temps. Le but premier est de ne pas laisser entrer les mouches et avoir ainsi le sentiment d’être à l’abri. Ouf ! C’est dans ces moments-là, en mangeant notre spaghetti relevé de « sandflies » qu’on se demande si c’est vraiment nécessaire de se mettre dans la misère comme ça.


Il pleut toute la nuit. La bonne nouvelle, c’est que notre tente résiste toujours aux intempéries depuis son achat en 1999. L’extérieur n’en est pas moins mouillé et ne sèchera pas ce matin avec cette humidité et ces nuages. On empaquète le tout et on remet notre linge très peu sec lui aussi et, dois-je vraiment le mentionner, puant à souhait. La table de pique-nique étant toujours occupée, je réalise en mangeant mon déjeuner debout que ça fait plus de 24 heures que je n’ai pas posé mes fesses sur autre chose que le sol ou une selle de vélo. On regarde les gens assis confortablement dans leur campeur, entrain de se faire des toasts, bien à l’abri des mouches. On rit bien…de nous-mêmes.

Les routes sont étroites dans les montagnes, je me sens comme si j’étais en randonnée pédestre à cause de ces paysages de forêt et de lacs qui nous entourent et le fait qu'on vit en camping dans le bois avec le minimum de services.


On repart, direction Fox glacier. Une petite ville d’où l’on peut aller explorer un des glaciers les plus près de la mer qui existent. J’avoue que le mot glacier, venant de glace, me donne déjà froid. On y arrive tout de même. Ciel nuageux…on continue. On tentera notre chance au prochain : le Franz Josef glacier. Rendus à la petite ville, il y a une éclaircie et on peut entrevoir la fin du glacier. La marche d’approche jusqu’au belvédère est très pépère. De là, on prend quelques photos et on contemple les sections du glacier qui sont visibles quand les nuages sont poussés par le vent. C’est tout de même curieux, car la végétation dans les environs est très luxuriante, voire même tropicale : des arbres qui ressemblent à des palmiers, des fougères géantes…Et ce glacier soudainement !


La journée se termine dans un camping luxueux où le bonheur se résume encore une fois aux choses simples : manger sans mouches, prendre une douche chaude et faire sa lessive. En prime, on rencontre Dominique et Mathieu, un couple de québécois en vacances qui se rendent aussi au Népal (comme H et PH) après la NZ.


Le lendemain, on s’arrête à Hari-Hari. Une rue principale avec des maisons alignées, de la pluie, un pub où ils servent de la bonne bière et des repas chaud semble-t-il. On se paie le luxe d’une petite chambre de motel avec 2 petits lits simples, douche dans la chambre et petite chaufferette. Un lit…ça fait longtemps. Il y a une cuisine commune où on boit thé, café et chocolat chaud en attendant d’aller au pub pour souper.


En Nouvelle-Zélande, on commande au comptoir, on paie et on repart s’asseoir à la table de son choix avec un genre de petit drapeau numéroté. En sortant de la cuisine avec les plats, la cuisinière repère le numéro et vient porter les plats. Les ustensiles et les condiments sont situés sur une table à l’arrière et il faut aller les chercher nous-mêmes. Pas de pourboire.

Les prochains jours s’annoncent plus plats et avec plus de villes, c’est-à-dire des endroits de plus de milles habitants. Ça va faire du bien.

Marie-Bri

La première véritable journée



On débute par une petite escale à Arrowtown, un joli bled où il y a eu ruée vers l’or autrefois. En fait, ce thème reviendra souvent sur l’île du sud. Par la suite, on prend la route du « crown range » vers Wanaka. Résultat : une montée de 800m de dénivelé.
Au sommet, on rencontre d’autres canadiens à vélo. Le paysage est superbe. Des montagnes dénudées d’arbres, des moutons qui broutent partout, mais où sommes-nous donc ? Suisse, Ouest canadien…plein de petites choses nous rappellent d’autres endroits visités. Nous sommes sur l’île du Sud de la Nouvelle-Zélande. Un endroit presque près de l’Antarctique, une sorte de bout du monde.

La descente est gratifiante, le soleil est au rendez-vous. On arrive à Wanaka, une autre petite ville bordée par un lac. À l’épicerie, on se gâte avec des T-Bone. La viande n’est pas chère ici et on en profite.

On se rend vite compte que c’est le paradis des cyclistes ici. C’est–à-dire qu’il n’y a que des petits villages avec des campings, peu de trafic sur les routes et des paysages magnifiques. On rencontre donc un minimum de 5 touristes à vélo par jour. Les autres voyageurs ont en majorité loué une voiture ou un petit motorisé.


On traverse des régions où le chemin est bordé par des lacs aux eaux turquoises. On se faufile dans les montagnes. On découvre les campings DOC (department of conservation). Ce sont des campings dans des sites enchanteurs comme des parcs nationaux. Ils ont un minimum de commodité : toilette, point d’eau, table de pique-nique et sont meilleurs marchés (12$ au lieu de 30$).
Après s’être lavés dans la rivière très fraîche, on déguste nos pâtes en regardant les nuages qui se promènent devant le mont Aspire.


Demain, nous franchirons la Haast pass et nous entrerons dans la région « Westland » communément appelée « Wetland », car en certains endroits il y a jusqu’à 300 jours de pluie par année…information que l’on est pas obligé de révéler à Bijou…ça pourrait le mettre de mauvaise humeur.

Marie-Bri

Nouvelle-Zélande







Après fouille et nettoyage règlementaire des vélos à la douane, nous voici à Queenstown, Nouvelle-Zélande avec Pierre-Hugues et Héléna. Ils nous ont réservé une cabine au camping avec eux. Durant les prochaines heures, on s’échange des informations de façon assez pêle-mêle. On leur parle de la Chine et ils nous parlent de la NZ. C’est qu’ils quittent la NZ demain pour le Népal, puis la Chine et le Vietnam. Et nous évidemment, on va passer les 6 prochaines semaines en NZ. C’est assez intense comme réunion. Entre 2 bouchées de fromage ou de T-Bone, on se raconte nos expériences, on les revit, on les réalise. Le tout arrosé de bière de gingembre ou de vin et j’en passe.

Si bien que le lendemain, après les avoir salué, je réalise que je suis dans un camping entouré de montagne dans un nouveau pays. Il pleut, il fait frais et je n’ai aucune idée d’où est ce bled de 7500 habitants : Queenstown. Nous sommes aussi dans l’attente d’un bagage égaré lors de notre vol. Ce sac contient notre tente et les selles de vélos, disons que ça pourrait bien nous être utile. Il arrivera finalement en fin de journée et nous sommes grandement soulagés.


Le 3 mars à 10h30, nous constatons que la roue arrière du vélo de François est molle. Notre première crevaison en 6000 km. Ça valait donc la peine de payer 60$ du pneu pour des Swalbe anti-crevaison. Ils nous ont offert un rendement assez exceptionnel. On effectue la petite réparation.

Nous quittons le camping pour aller magasiner. Il a fait 1 degré la nuit dernière. On est donc passé de 40 à 20 à 1 degré. Ça fait toute une différence. Je veux des vêtements chauds, question de confort et de sécurité. On se retrouve avec des articles en solde inscrit « New Zeland » dessus. Polar, tuques, gants, bas long, un vrai « kit » d’automne. Il n’y a pas de doute, on prend notre rôle de touriste à cœur. On effectue un maigre 15 km, juste pour dire qu’on avance un peu et on monte la tente dans un nouveau camping.

Pas besoin d’aller bien loin pour se rendre compte que le paysage est grandiose. Juste en descendant la côte du camping, une gorge magnifique.
Les montagnes sont recouvertes d’un tapis gazonné, vert kaki. Queenstown est bien jolie avec ses petits restos et ce superbe lac de montagne à ses pieds. Les maisons perchées dans les flancs des montagnes géantes semblent accueillantes.


On attend que le soleil se couche derrière la montagne en regardant les canards au pied du lac. C’est une étape « nature » que nous débutons.


Marie-Bri

Les kangourous














On en a vus plusieurs et de près. Ils sont grands et un peu gênés. En Australie, ils sont considérés comme une peste. Une dame nous a dit qu’ils en avaient tués environ 5000 près de chez elle dernièrement. Le premier que j’ai aperçu était en fait un cadavre de kangourou sur le bord de la route : un classique. Les gens ont des grilles à l’avant des voitures au cas où ils en frapperaient un, pour ne pas endommager la voiture. Certains même s’amusent à les frapper en voiture. On nous a dit que si quelqu’un fait un accident avec un kangourou, il doit vérifier si c’est un mâle ou une femelle. Si c’est une femelle, il faut vérifier dans la poche avant s’il y a un bébé en devenir et si c’est le cas il faut aller porter la progéniture chez le vétérinaire…Étrange concept.

Nous, on les a trouvés bien mignons tout de même. N’empêche qu’on en a tout de même mangé ! La viande de kangourou est excellente et tendre lorsqu’elle est marinée. Ça se vend dans les épiceries normales.

Marie-Bri

mardi 11 mars 2008

Côte Ouest Australienne






Les premiers jours nous servent à nous acclimater à la nouvelle partie du voyage. C’est que dorénavant nous allons camper. On réalise alors que l’on va passer les 4 prochains mois à vivre dehors. On doit retrouver nos vieilles habitudes de cyclo-touristes-campeurs développées lors de nos précédents voyages. On achète des babioles utiles : savon à vaisselle, une casserole, une spatule, de nouveaux « ziploc », des assiettes, etc.

Il y a de superbes pistes cyclables en ville et aux abords de certains parcs nationaux.
Malheureusement, il y a peu de routes secondaires de sorte que l’on se retrouve fréquemment à rouler sur l’autoroute…quelques fois sans accotement. On fait ce qu’on peut pour éviter cette situation. Dans les parcs nationaux, il y des routes non-pavées que l’on avait l’intention de prendre…jusqu’à ce qu’on s’aperçoive que ce sont des routes de sable pour 4X4 seulement. Ah bon ! Ce n’est pas tout à fait l’idée que j’avais d’un parc national !

Bijou se retrouve à l’avant du vélo, le nez au vent. Il insiste pour se débarrasser de cette tunique asiatique qu’il porte et qui n’est franchement plus appropriée. Il a bien raison.

On croise de petites villes au bord de la mer. Elles sont très jolies. La rue principale comporte habituellement de petits cafés sympathiques où l’on pourrait s’attarder.

La routine s’installe peu à peu : rouler de plage en plage. Ça résume pas mal ce qu’on a fait pendant notre séjour ici. La côte est une plage continue avec des dunes de sable fin et les eaux les plus claires qu’il m’ait été permis de voir. Tout simplement paradisiaque !


Près des plages, dans les aires de repos ou dans certains parcs, il y a habituellement une toilette propre, une douche tiède et un barbecue au propane. Le tout pour usage GRATOS.
Dans les campings, il y a aussi des barbecues, en plus d’une cuisine commune et un réfrigérateur. Une nuitée coûte de 25 à 35$. Avec les installations et nos nouveaux accessoires, on se fait des papillotes de légumes, du couscous, de la viande, des toasts et des œufs pour nos repas.

Notre carte n’est pas à jour et plusieurs campings n’existent plus. On se retrouve une nuit à coucher dans un camping clandestin, sur le bord d’un lac asséché à cette période de l’année. L’endroit est magnifique et la réflexion de la lune sur le sable blanc du lac donne une impression de couche de neige.
En regardant par la fenêtre de la tente ce matin-là, j’ai vu un kangourou bondir. Une autre nuit, la propriétaire d’un camping fermé nous permet de monter le camp quand même sur le terrain. Il est interdit de dormir sur la plage. En discutant avec les gens, on se rend compte qu’en autant que personne ne nous voit de la route, personne ne viendra nous déranger peu importe les « no camping » partout.

On passe par le parc national de Leeuwin naturaliste. On y fait une petite randonnée. On voit des phoques de loin et le contraste de l’eau turquoise et de l’eau bleu foncé est sublime.
L’objectif est de se rendre à Margaret River, une région de vignobles. On y est en neuf jours. On visite trois vignobles et une chocolaterie. Les derniers kilomètres sont plus ardus…


On rentre à Perth en autobus. On flâne une journée en ville.
La température a montée d’un cran depuis 2 jours, si bien que 40 degré sur le bord de l’autoroute quand tu cherches ton chemin sur ton vélo…c’est plutôt cuisant.
Le « cornet » qui devait commander LA pièce de vélo a échoué sa mission. Ça... c’est embêtant, surtout que les 2 autres endroits que l’on nous indique ne l’ont PAS et ils n’ont rien d’autre à nous suggérer comme morceau de remplacement. « Balmoral bikes », on s’y arrête par hasard. En plus d’avoir la pièce, il passe une heure en tête-à-tête avec mon vélo et ajuste aussi celui de François. On ne pouvait pas tomber mieux : un bon mécano avec 40 ans d’expérience qui aime le travail bien fait.

On passe notre dernière soirée avec Pierre et Odile. Après l’apéro et la baignade, on déguste des « tapas » avec coupe de champagne. La dolce vita.

Puis retour dans ce lieu connu : l’aéroport. Prochaine destination : Nouvelle-Zélande. Nous avons rendez-vous avec Héléna et Pierre-Hugues. On reviendra en Australie le 10 avril, sur la côte Est cette-fois.

Marie-Bri