vendredi 2 mai 2008

Rencontre avec un Maori






Wairoa, le supposé Bronx de la Nouvelle-Zélande, n’a rien pour effrayer les morts. La pauvreté est visible de par les commerces fermés et les maisons peu entretenues. Mis à part un Maori avec le visage tout tatoué en bleu et le supermarché qui ferme tôt, je n’ai rien vu d’anormal. Aucune attaque, aucune menace, on ne s’est même pas fait voler notre pinte de lait au réfrigérateur commun du camping. Soulagement.

Malheureusement, la route du parc national d’Uruwera est non-pavée. On le savait. Par contre, il y a une différence entre gravelle fine et grosses roches. La route est mauvaise, en pente montante, poussiéreuse, désagréable, dangereuse et j’en passe. Au bout de 20 km de ce chemin de 4 roues, on arrive au camping.





Le lendemain, après plusieurs minutes voire heures d’ambivalence, une décision est prise. Nous ferons les 80 autres kilomètres dégueulasses en voiture. Il serait dommage de briser les vélos ou de se blesser. Le problème c’est qu’ici, c’est un trou. À part un site de camp et un petit centre d’informations pour les visiteurs du parc, rien. Même pas une machine à liqueur.

Il y a quand même la possibilité qu’un gars qui reste au village dans 40 km vienne nous chercher avec les vélos et nous amène à la fin de la route de gravelle…pour 2 heures de voiture et 150$. Bon, nous n’avons pas tellement le choix. C’est ainsi qu’on fait la connaissance de Richard, notre chauffeur de taxi privé. Le premier Maori avec qui on parle vraiment.

Richard a 53 ans, mais il en paraît 35. Il porte les cheveux longs bruns un peu hirsutes et il a le nez plat des Maoris. Dans son cou, une corde à laquelle est attachée une pierre de jade sculptée en genre de colimaçon, le tout typiquement néo-zélandais. Il parle très bien l’anglais, mais à la maison, il parle le Maori, la 2ième langue officielle de Nouvelle-Zélande.

Après avoir élevé ses 5 enfants à Rotorua (ville d’envergure la plus proche), il est revenu à Ruatahuna, son village natal, démarrer une petite entreprise de chasse. Il guide des touristes de partout dans le monde qui veulent venir chasser le cerf dans cette région. Le tout en cheval, dans cette forêt presque vierge. Son grand-père, son père et compagnie ont tous vécus là. Lorsqu’il était jeune, son père était chasseur et devait aller vivre loin dans les bois pour 2-3 mois afin de trouver le gibier. Richard venait le retrouver dans une cabane perdue. Il a tiré son premier chevreuil à l’âge de 9 ans.

Son père lui permettait de venir le voir à condition qu’il ne manque jamais d’aller à l’école. Richard devait donc se lever très tôt et effectuer 3 heures de cheval pour rejoindre son arrêt d’autobus. Beau temps, mauvais temps.









Ce parc national représente la NZ telle qu’elle était lorsque les blancs sont arrivés. Des montagnes avec de la végétation denses, des lacs et des rivières, des arbres qui n’ont jamais été touchés. Au détour d’une route, on aperçoit trois chevaux dans le bois. « Ce sont les bêtes de mon neveu. Ça fait trois jours qu’il les cherche ! » dit-il.


On effectue un court arrêt au village. Richard possède aussi le petit motel et le dépanneur. Sur le babillard communautaire, il y a des messages en Maoris seulement. Il nous montre l’horaire des visites du docteur : une fois par semaine ou au 2 semaines. Environ 200 habitants vivent à Ruatahuna et ils appartiennent à 12 familles de Maoris qui vivent là depuis belle lurette. Sa femme est l’institutrice de l’école. Ils vont chercher de la nourriture et le courrier 3 fois par semaine en ville, à raison d’au moins 5 heures de trajet aller-retour chaque fois. C’est une vie assez isolée et la drogue est un problème. Concernant la situation des Maoris, Richard ne voit pas de racisme venant des kiwis blancs.

En se quittant, on demande à Richard s’il fait de la randonnée pédestre dans sa forêt de temps en temps. Il y a plusieurs sentiers et ça semble bien populaire. Il nous répond que c’est à cheval qu’il se déplace…et si le cheval n’avance plus, il ne va pas plus loin.

Marie-Bri