mardi 10 juin 2008

Le 10 mai 2008






Pour sortir de Sydney, on prend le train jusqu’à New Castle, sixième ville d’importance en Australie. Les prochains jours sont paisibles. Plusieurs parcs nationaux dont un avec des dunes incroyables et des traversiers à prendre tous les jours.


Le 10 mai 2008, lever usuel dans une cabine de camping, écoute des nouvelles internationales à la télévision et départ sous le soleil. Jusqu’ici rien d’anormal. Trois cent mètres après le départ, accident mineur pour François qui s’étale de tout son long dans l’accotement qui était heureusement large cette fois. On repart. De mon côté, une curieuse vibration m’inquiète. Depuis hier, lorsque je roule lentement, ma roue avant se met à vibrer un peu. Nous avons conclut que la roue avant était fausse. Les rayons doivent être désaxés et il faudrait un petit ajustement par un mécano.

Ce matin, par contre, il me semble que ça a franchement empiré. Pas le choix, on doit ajuster aujourd’hui. Surtout qu’au moins la moitié du trajet du jour est sur une route de gravelle. LA boutique de vélo de cette ville de 15000 habitants est de l’autre côté du pont. On revient sur nos traces, ce que l’on fait très rarement.

Arrivés à la petite boutique, on explique notre problème et le monsieur inspecte ma roue avant. Oui, un peu légèrement fausse, mais sans plus. Je lui réexplique les symptômes de mon vélo. Il s’accroupi. « Oh well ! Bad news for you guys ! ». Son doigt pointe le cadre du vélo, au niveau de la branche diagonale.


Choc, nous sommes en choc. Il y a une énorme fissure dans le cadre du vélo qui fait plus de la moitié de la circonférence du cadre à cet endroit. Le métal a tellement travaillé qu’il est légèrement plié et fissuré. Dangereux, fatal, cette bicyclette n’est plus en état de rouler. Mon « bécycle » a ni plus ni moins une fracture de la colonne vertébrale si ça peut vous donner une idée de la gravité de la chose.

Choc, nous sommes en choc. Hier encore je roulais à 45 km/h en descendant des côtes. J’étais assise sur une bombe…Je ravale mes larmes. Rapidement on doit penser solutions de rechanges. Voici les scénarios :

On achète un vélo correct de 650$ dans cette boutique qui ferme dans 1h30 et qui est fermée demain car on est samedi. On s’organise ensuite pour se débarrasser de mon vélo : vidange ou poste ou traîner seulement les pièces.
Le mécano nous indique une boutique où ils réparent des trucs en aluminium tout près. C’est fermé. On attend jusqu’à lundi en priant pour qu’ils puissent réparer le vélo.
On arrête ça ici, à Forster, province de New South Wales, en Australie, un 10 mai 2008, à 850 km de notre objectif et on rentre à Brisbane en transport en commun ou en louant une voiture, en espérant que ce soit possible de trimbaler des vélos en plus.

Le scénario numéro un est éliminé rapidement. Ça serait précipité comme achat. Il faudrait remonter quelques pièces sur mon vélo. On perdrait une journée sur notre horaire chargé…on pourrait faire avec. Néanmoins, je ne pourrais pas me contenter de laisser ce vélo dans un conteneur anonyme, question de sentimentalité. De plus, même si le cadre est fini, les autres pièces sont toutes bonnes, certaines sont neuves et aussi, elles peuvent toutes être posées sur le vélo de François.

Ce cadre de vélo est-il garanti ? S’il l’est, on la perdra en le réparant. Et franchement, les chances qu’il puisse être réparé lundi sont minces et de toute façon, notre horaire sera tellement escamoté qu’il faudra faire une partie en transport en commun.

À date le scénario numéro 3 est comme une fatalité : game over. Deux évidences en ce 10 mai 2008 à midi trente : on couche dans cette ville ce soir et on a besoin de plusieurs heures d’inter net pour planifier les prochains jours.

Dans les heures qui suivent les éléments suivants nous aident à peaufiner notre plan.

Deux compagnies d’autobus viennent à Forster une fois par jour. Il en coûte de 5 à 50 $ pour y mettre les vélos.
Le train fait un arrêt dans une ville à 200 km d’ici. Il faut réserver des places pour les vélos et les mettre, semi-démontés, dans des boîtes.
Aucune location de voiture possible à Forster. Même dans les villes près d’ici, il faudrait retourner la voiture dans la même ville, mais nous, on fait un aller-simple à Brisbane.
Il est impossible de poster un simple cadre de vélo par la poste conventionnelle, les dimensions excèdent ce qui est permis.

Au début, on avait plein de possibilités et au fil des heures, un seul choix s’avérera finalement le bon. Une combinaison de bus-train et voilà, téléphone par ci et par là et tout est réservé. Mais, ce n’est pas fini. On doit réserver notre hôtel à Brisbane pour ne pas errer dans la ville avec un cadavre de bicyclette en arrivant. De plus, François ayant plus d’un rêve dans son sac, met un cours de plongée à l’horaire. Puisque l’on a 10 jours à Brisbane, on aura du temps pour ça.

Marie-Bri