mardi 10 juin 2008

Le deuil

Ça me prendra quelques jours à m’en remettre. Regarder l’équipement de vélo et retenir mes larmes… L’Australie était difficile sous certains aspects et ma motivation demeurait l’objectif du 10000 km. Sans ce but à atteindre, je me sens inutile. À quoi sert ce voyage maintenant ? Visiter l’Australie ? La Californie ? Je ne vois pas le rapport. J’étais cycliste moi, pas une simple touriste. J’étais très fière de ça. Échec, sentiment d’échec. Je me sens coupable de ne pas avoir tout fait pour continuer à vélo. Mais la réalité, c’est que ça aurait coûter une beurrée pour pouvoir continuer sur 2 roues et énormément d’énergie pour gérer les tracas encourus par le fait de se retrouver à un moment avec 3 vélos pour 2 personnes humaines. Je me sens coupable aussi d’avoir été tannée à certain moment, comme si je ne réalisais pas l’honneur que j’avais de parcourir ce trajet à vélo.

Je suis casse-pied et d’humeur rasoir pour quelques jours. Même Bij, de nature soupe-au-lait et rabat-joie, a peine à m’endurer. Et puis ça passe tranquillement, j’avale le morceau et je reçois du soutien de ma famille, les seuls à qui j’ai osé en parler.

Je me réveille. Il n’y a aucune honte à VISITER l’Australie ou la Californie et c’est une chance, un privilège que j’ai de pouvoir être ici et la VÉRITABLE honte, ce serait de ne pas en profiter au MAXIMUM. Je ne suis ni cycliste, ni touriste, je suis un être humain comme les autres. Cette expérience que je vis, elle est extraordinaire et restera gravée à jamais, peu importe le moyen de transport emprunté.

Rien n’arrive pour rien. Je préfère que ça arrive en Australie qu’en Asie. Et pour la Californie, on songeait à peut-être louer une voiture de toute façon. Et dieu merci, je suis vivante, nous sommes vivants et pas d’accident important.

Le voyage jusqu’ à Brisbane se passe très bien. La portion de train nous coûte seulement 30 $, rabais de fête des mères. Nous sommes seuls dans notre wagon pour ce trajet de nuit. L’hôtel réservé est près de la station de train et notre chambre est disponible tout de suite à notre arrivée à 8 heures du matin ! On mérite bien un peu de repos après tout ce stress.

Marie-Bri